Le site de Jebel Irhoud et la redéfinition des origines d’Homo sapiens
par Pr Abdelouahed Ben-Ncer
La datation radiométrique des fossiles humains de Jbel Irhoud (province de Youssoufia, Maroc) les crédite d’un âge d’environ 300 000 ans. Cette donne est venue ébranler une thèse établie dès les années 1980 et qui privilégiait une origine subsaharienne, et plus particulièrement est-africaine, datée d’environ 200 000 ans BP. De fait, avec les nouvelles datations émanant du site de Jbel Irhoud, notre propre espèce prend un coup de vieux d’au moins 100 000 ans. Cela replace ainsi l’Afrique du Nord au cœur des débats relatifs à l’origine de l’espèce Homo sapiens et fait des restes fragmentaires d’au moins 5 individus, émanant de de Jbel Irhoud, la documentation anthropologique la plus riche et la plus ancienne de cette espèce. L’analyse anthropologique de ces restes révèle qu’ils appartiennent à une 1ère phase évolutive panafricaine d’Homo sapiens qui est directement ancestrale des Hommes modernes.
Les fossiles d’Irhoud ont, par ailleurs, été retrouvés associés à une faune du Pléistocène moyen et à de l’industrie lithique. La Faune est variée et est caractéristique d’un milieu ouvert. Elle est composée d’au moins une trentaine d’espèces de mammifères avec une prédominance de Gazelles. L’industrie lithique, quant à elle, est caractéristique du Middle Stone Age (MSA), lequel s’avère, de fait, être le plus ancien MSA du continent africain. Les innovations techniques qui marquent l’essor de cet assemblage lithique sur l’ensemble de ce continent sont probablement liées à l’expansion panafricaine des premières formes de l’espèce Homo sapiens.