Les collections de restes humains : intérêts et enjeux
par Alain Froment
Décrire la diversité de l’espèce humaine, la comprendre et l’expliquer, sont les missions les plus fondamentales de l’anthropologie biologique. Dès le XVIIIe siècle, la question des collections de restes humains est posée, car il faut pouvoir disposer d’échantillons osseux que le savant étudiera dans son laboratoire. Assez vite cependant, se manifeste le besoin de réaliser des observations sur le terrain, par l’anthropométrie et les observations sur le vivant. Lorsque la chaire d’anthropologie est créée au Muséum en 1855, la réflexion sur l’histoire naturelle de l’Homme est déjà en place, les grandes expéditions rapportent des objets ethnographiques et des ossements, mais aussi des portraits et des moulages de têtes d’indigènes. A cette période, et notamment avec l’abolition de l’esclavage, ont lieu d’importants débats sur l’unité de l’Homme et les représentations des races exotiques. La nécessité de réunir une série anatomique représentative de l’espèce humaine devient alors le souci constant des professeurs d’anthropologie successifs. A l’occasion de la réouverture du Musée de l’Homme à Paris, la conférence abordera la question de l’héritage de ces collections : à quoi peuvent-elles servir à notre époque, et quels sont les enjeux éthiques les concernant.