La statuaire antique de Libye
par Morgan Belzic
Méconnu, le patrimoine Libyen recèle encore bien des secrets. La Libye fut partagée, dans l’Antiquité, en deux principales aires d’influences, la Cyrénaïque grecque à l’Est et la Tripolitaine phénicienne à l’Ouest, régions de contact entre cultures libyennes, levantines, égyptiennes et égéennes. La statuaire grecque de Libye peut, en particulier, témoigner de ces échanges. C’est à Cyrène et dans les autres cités soumises à son rayonnement qu’a été découvert le plus ancien et vaste ensemble de sculptures du pays, qui témoigne à la fois d’une fidélité aux grandes tendances de l’art grec, d’une assimilation d’autres influences et de la création d’un vocabulaire stylistique local par des ateliers actifs sur une très longue période de temps, entre le VIe s. av. et le IVe s. ap. J.-C. Souvent oubliées ou reléguées à une place marginale dans les études modernes, les statues grecques de Libye, de l’époque archaïque à l’empire romain, offrent pourtant bien des occasions de s’étonner, depuis la Victoire Navale de Cyrène, qui n’est pas sans évoquer celle de Samothrace, jusqu’aux sculptures égyptiennes du Palais des Colonnes à Ptolémaïs, en passant par les portraits royaux gréco-libyens ou encore les Divinités Funéraires voilées ou sans visages.
Ces précieux témoignages sont malheureusement victimes d’une actualité que nous ne pouvons passer sous silence. Nous évoquerons ainsi les destructions occasionnées, dans le contexte actuel, par l’urbanisation et les pillages, ainsi que la lutte des archéologues libyens et étrangers pour la protection des sites et contre le trafic dont ces statues font l’objet.